[OS] Halloween

Dans un torrent de fous rires, ils s’observaient mutuellement tous les quatre.

Pour la soirée d’Halloween, les membres du groupe Tokio Hotel avaient été invités à une grande "party" organisée dans le fameux château du célèbre comte Dracula en Transylvanie. Allez savoir qui, chez Universal, avait eu cette riche idée ! Probablement qu’on ne le saura jamais. En tous cas s’il y en avait un qui appréciait, c’était bien Bill : il adorait tout ce qui touche aux vampires.

Comme la plupart des invités de marque, ils logeaient pour le week-end au château et s’étaient donné rendez-vous dans la chambre du chanteur afin de comparer leurs costumes respectifs, chacun s’étant bien gardé de dire aux trois autres quel serait son déguisement…… ce qui expliquait les rires qui résonnaient jusque dans le couloir.

Georg a choisi une tenue de chirurgien, le vert s’accorde bien avec ses yeux, un stéthoscope, un masque, des bottines de tissu, il ne lui manque plus que le scalpel et accessoirement les compétences…..

Tom se la joue « officier gentleman » en tenue de capitaine de la marine, tout en blanc, galonné de noir et or, casquette assortie, tiens donc…………

Gustav fait un pompier de choc, tenue bleue avec bandes réfléchissantes, casque rutilant, il ne manque plus que la lance et l’incendie !!!

Quant à Bill, je vous laisse deviner ! Un vampire façon XIXème siècle : pantalon serré noir, blouse blanche à jabots et à manches de dentelle, redingote noire, maquillage blanc, yeux ombrés de noir et bien sûr de magnifiques crocs pour faire illusion.

- Waow le look, tu déchires, en vampire !

- Merci Tom ! Je vois que tu n’as pas renoncé à la casquette.

- C’est ma marque de fabrique, fait ce dernier en riant.

- Georg, je croyais que tu faisais dans la psycho, pas dans le charcutage ?

- Tom, si tu veux une ablation de la langue, je te conseille seulement de continuer !

- Gus, au secours !

- Désolé Tom, je ne sauve que les jeunes filles en détresse, la marine n’a qu’à se débrouiller !

Trois coups de gong retentissent dans tout le château pour annoncer le début des festivités.

Les quatre amis se précipitent dans le couloir, descendent quatre à quatre les marches et pénètrent dans la salle de bal de château. Sous leurs yeux ébahis, ce ne sont que débauches de lumières émises par de somptueux lustres de cristal, de bruits en tout genre, d’odeurs de plats et amuse-gueule qui circulent parmi les invités, sans oublier le chatoiement de couleurs de tous les costumes de l’assemblée.

Ils se séparent et se mêlent aux convives, grappillant dans les plateaux, discutant à gauche et à droite, riant parfois. Le champagne coule à flots, déliant les langues et les esprits.

Aux douze coups de minuit débute le Bal d’Halloween. Bill n’aime pas trop danser, mais devant le sourire ravageur d’une charmante vampire aux longs cheveux d’automne, aux yeux d’émeraude et à la peau opalescente, il ne peut résister. Ils tourbillonnent au rythme de la musique, perdus dans leur monde, les yeux dans les yeux. Seuls demeurent la musique, la danse et les yeux étrangement fascinants de la jeune femme…… Longtemps, ils restent sur la piste, jusqu’à ce que, rompus de fatigue, d’un commun accord, ils décident d’aller prendre l’air.

La jeune femme l’entraîne dans de longs couloirs, le guidant dans les méandres quasi labyrinthiques du château.

- Es-tu sûre de connaître le chemin, je me suis déjà perdu trois fois depuis ce matin !

- Ne t’inquiète pas, je le connais comme si j’y étais née, lui répond-elle en souriant.

- Je le croyais fermé au public depuis plus d’une centaine d’années.

- Que le temps passe vite, fait-elle, songeuse.

- Pardon !

- Oh ! Rien ! murmure-t-elle dans un haussement d’épaules.

- C’est encore loin ?

- Nous y sommes !

Se tournant vers lui, elle lui dédie un magnifique sourire qui laisse entrevoir ses crocs luisants, tandis qu’elle pousse une lourde porte ferrée. Bill regarde avec étonnement autour de lui : il se trouve sur les remparts de la tour de garde, un beau clair de lune illuminant cet étrange décor. Pour un peu il se croirait revenu au Moyen Âge.

Sa compagne, le visage tourné vers le ciel, est comme lumineuse, baigné par les reflets lunaire. Elle semblait se nourrir de la lune, en absorber la froide lumière.

Mu par son instinct, il s’approche d’elle et pose doucement ses lèvres sur celles de la jeune fille, qui lui rend son baiser avec une infinie tendresse, avant de brusquement le repousser.

- Non, il ne faut pas, je ne dois pas. Une larme coule le long de sa joue.

- Mais ………………


Avant qu’il n’ait pu prononcer un mot de plus, elle se lance, bondit par-dessus les remparts, se jetant dans le vide.

Bill se précipite à son tour, se penchant dangereusement par-dessus le mur de pierre.


Il n’y avait rien ! Elle aurait dû s’écraser au sol, mais étrangement pas de corps, pas de traces. Le sol caillouteux est intact sous le clair de lune, c’est comme si elle s’était évaporée……