Bobital : « C'était une mine d'or pour faire un docu ! »bobital thibaut boulais france 3 docu bobital
Pendant huit mois, le journaliste rennais, Thibaut Boulais a suivi les quatre organisateurs du festival de Bobital. Au final, trois rendez-vous de 26 minutes sont diffusés sur France 3, dont un samedi midi. Caméra en mains, le journaliste nous raconte ce tournage dans un village en pleine démesure. Moteur.
« En tant que festivalier, j'ai fait le tour de pas mal de grands rendez-vous : les Vieilles Charrues, Pont du Rock, les trois éléphants. Et celui qui m'a le plus marqué , c'est Bobital. C'est un festival où on est entre la kermesse et le festival de rock ! C'est fait que de mélanges improbables où sur une même scène tu peux voir défiler Patricia Kaas, les Wampas, Yannick Noah et Mass Hysteria », explique Thibaut Boulais, journaliste à Tv Rennes.
« Comment 150 000 personnes réussissent à tenir dans un village de 1 000 habitants ? Ca a été mon premier choc ! Le deuxième, c'est quand j'ai vu les organisateurs. Des quinquagénaires qui bossent à côté. C'est bien simple, il y avait tout pour faire un documentaire, une vraie mine d'or ! ». Ni une ni deux, pour un spécialiste du documentaire, il n'en faut pas plus pour le pousser à en faire un. Emballé c'est pesé, Thibaut Boulais posera sa caméra de TV Rennes pour une de France 3.
Au boulot, le téléphone sonne, c'est le manager de Tokio hotel
L'aventure commence en novembre 2006. « Je leur ai proposé le projet, ils ont réfléchi et on est parti dessus ». Caméra en mains, le journaliste va suivre ces quatre organisateurs jusqu'en juillet 2007 lors du festival. Tout de suite, la mayonnaise prend.
« Ce sont des supers clients comme on dit. C'est le deuxième plus gros festival de France et il n'y a pas même un salarié ! Ils sont quatre organisateurs à tout faire. Tu as Pierrick qui est prof, Olivier commercial, Guy le cuisto' et Serge le commercial en assurance. »
Tous se laissent prendre au jeu et oublient la caméra. Des moments de vie quotidienne, il en tourne à la pelle. Il n'hésite pas à suivre chaque organisateur sur son lieu de travail. « Le film s'ouvre, tu vois le commercial qui reçoit un coup de fil pour vendre ses coquilles Saint-Jacques. Puis le portable sonne de nouveau, c'est le manager de Tokio Hotel. Il raccroche et juste après il repart sur ses coquilles ! », s'étonne encore le journaliste.
En toute simplicité, Thibaut Boulais se retrouve embarqué dans le festival. Il n'a qu'à regarder la machine se mettre en marche. « Je les appelais tout le temps en début de semaine. Très vite, ils ont aussi compris ce dont j'avais besoin. Sans faire de com', ils m'appelaient. Une fois par exemple, je suis allé voir avec eux un concert de Tokio Hotel. Leur manager les avait appelé pour leur montrer comment gérer une foule hystérique. Ils m'ont aussitôt emmené avec eux ».
Moins prestigieux mais tout aussi révélateur, une petite visite au Conseil général : « C'est génial, on les suit alors qu'ils vont négocier des bobs et des casquettes pour le festival. » Un paradoxe quand on connaît les moyens du festival. « Les organisateurs sont incroyables. Ils ne se refusent rien. Je me rappelle d'un soir, pendant une réunion où il voulait fermer le cimetière. Marylin Manson était programmé et ils avaient peur que des tombes soient déterrées... Finalement ils ont fait venir des immenses projecteurs pour éclairer ça ».
Pire encore, lorsqu'il s'agit d'agrandir le parking, le journaliste suit les tractations avec surprise. « Il leur manquait des places de parking. Il se sont dit, allez, on va faire fermer l'aéroport de Dinan pour y garer les voitures. Le pire, c'est qu'ils ont réussi. Quand on est revenus dans la voiture, je les regarde et on rigole. Ils me disent avec un grand sourire : "avec l'argent tout est possible !" ».
" L'argent, c'était le seul tabou"
Pourtant, l'argent c'est bien le seul tabou qui s'installe. « Il me disait tout le temps : "Les cachets des artistes, ça ne se dit pas. Ici, les gens ne pourraient pas comprendre". C'est vrai que l'esprit du festival, c'est le bénévolat. Quand tu sais que certains vont passer leur festival pendant trois jours dans une baraque à frite pleine de graisses et que derrière, tu as des artistes comme Placebo qui demandent 200 000 euros... » Finalement, dans le reportage, il arrivera à faire passer le message. Pas forcément au goût des organisateurs mais ils ne lui en tiendront pas rigeur. Chacun son travail.
« Dès le début, je n'enlèverai rien ! Je leur ai dit, faîtes moi confiance. Ils ont vu le docu trois mois avant qu'il passe. Certains passages ont fait grincer des dents mais ça s'est bien passé. On est même devenus potes »
Le montage : "un crève-coeur"
Bref, les cassettes s'empilent au fil des mois au même rythme que le festival prend forme. Au final, il accumule près de soixante heures de rush et vingt de concerts. Un sacré mic-mac pour en faire trois épisodes de 26 minutes.
« Tu ne dis pas grand chose en si peu de temps... c'est horrible. C'est un vrai crève-coeur. Heureusement, j'ai un moteur qui a du recul. Ce qu'on a fait, c'est trois épisodes d'une heure dans lesquels on tapait pour les faire descendre à 26 minutes. Au final, le film se tient ».
Demain, 11h05, diffusion du deuxième volet du triptyque sur France 3. Pas peu fier, le journaliste en fait même sa promo : « Vous saurez si Guy arrivera à retrouver ses 25 000 sets de table. Vous prendrez part à la réunion dans le bled entre les pros et anti-Bobital. Vous aurez les commentaires de la mamy qui s'énerve : "Les jeunes viennent faire caca dans mon jardin, d'autres font l'amour derrière mon tas de bois..." ». Bref, on en a l'eau à la bouche, le rendez-vous est noté sur l'agenda !
Pratique :La bande des 4 : déjà diffusé le 24 mai
Le compte à rebous : le 31 mai à 11h05 sur France 3
Les 3 jours du festival : le 7 juin à 11h05 sur France 3
Benjamin KELTZ
Source http://www.rennes-infhonet.fr/article-culture-1628-bobital-thibaut-boulais-france-3-docu-bobital.html