Tokio Hotel, un stade sinon rien
CONCERT. Les 10000 fans traumatisés par l'annulation du concert prévu à
l'Arena ce vendredi pourraient se retrouver 30000 au Stade de Genève en
juillet. Si la voix de Bill tient la cadence
Olivier Horner
Mercredi 19 mars 2008
Contre mauvaise fortune bon cœur. Au vu du cataclysme lacrymal provoqué
par l'annulation annoncée mardi matin du concert de Tokio Hotel prévu
ce vendredi 21 mars à l'Arena de Genève, l'organisateur du spectacle
offre aux fans du phénoménal jeune groupe rock allemand le Stade de
Genève. Le 12 juillet, ce sont ainsi 30000 spectateurs que le promoteur
Live Music Production (LMP) propose à l'androgyne chanteur Bill Kaulitz
et ses trois compères. «Nous avons travaillé toute la nuit pour trouver
cette solution, détaille, soulagé, le patron de LMP Michael Drieberg.
Cela aurait été un vrai drame pour près de 10000 fans attendus vendredi
soir si nous n'étions pas parvenus à réserver le Stade de Genève.»
Contraint de renoncer à cette première halte genevoise agendée en
raison de l'inflammation des cordes vocales du chanteur-star décelée
lors d'une prestation le 14 mars à Marseille, Tokio Hotel a aussi dû
renoncer à ses escales à Madrid (E), Douai (F) et Lisbonne (P). La
reprise de leur nouvelle tournée mondiale affichant complet presque
partout, au terme d'une pause de dix jours, est fixée ce dimanche à
Turin (It).
Rythme de tournée effréné
Les détenteurs de billets pour l'Arena doivent se faire rembourser
leurs billets. Et se racheter un ticket pour le 12 juillet. Les sésames
achetés pour le 12 juillet à l'Arena sont, eux, valables pour le
concert dans l'enceinte sportive. «Nous étions obligés de procéder
ainsi. On ne pouvait préjuger de la disponibilité en juillet des
spectateurs du vendredi pascal», explique Michael Drieberg. Le prix des
places debout demeure à 75 francs, comme à l'Arena (90 francs assis)
malgré les coûts supplémentaires engendrés par pareille
superproduction.
Avec la date du 21 juin au Parc des Princes de Paris (décalée d'un
jour en raison des épreuves de baccalauréat en France), c'est le second
stade épinglé dans le périple européen de Tokio Hotel et baptisé «1000
hotels». Concentré de trente dates réparties sur à peine plus d'un
mois, c'est une cadence soutenue pour une formation de 20 ans de
moyenne d'âge dont la précédente tournée (le «Schrei Tour») avait
rassemblé autant de spectateurs que celles de Madonna ou Robbie
Williams en Europe.
«A toute chose malheur est bon», philosophe encore le directeur de
LMP pour qui la tenue du concert au Stade de Genève permet en tous les
cas de résoudre les problèmes liés au dispositif de sécurité.
L'hystérie du jeune public que déclenche chaque apparition de Tokio
Hotel nécessite de fréquentes évacuations pour cause d'évanouissements
et divers types de malaise. La configuration assise/debout et les
dimensions du stade faciliteront le travail des agents de sécurité,
médecins et infirmiers. Et celui, peut-être, de parents inquiets pour
leurs progénitures et qui profiteraient de les accompagner en se payant
une vue en gradins.
Depuis leur formation en 2001, sous le nom de Devilish, les quatre
garçons de Magdebourg, ex-RDA, n'ont cessé de franchir des paliers de
popularité. Rockeurs précoces, les futures vedettes d'un heavy metal au
romantisme aussi noir qu'Evanescence étaient alors âgés de 10 à 12 ans.
Après le passage d'un producteur qui a transfiguré Bill (chant), son
jumeau Tom (guitare), Gustav (batterie) et Georg (basse) en Tokio Hotel
et blitzkrieg pop, le fer de lance de l'exportation musicale allemande
s'apprête à partir à l'assaut du marché nord-américain. Grâce à un
album rassemblant des versions anglophones des chansons germanophones
parues sur ses deux premiers opus à succès.
Reste à savoir si la pression exercée par le rythme scénique
effréné de Tokio Hotel et les enjeux financiers n'abîmera pas davantage
le juvénile organe vocal de Bill Kaulitz. Les piqûres de cortisone
auxquelles l'entourage pourrait être tenté de recourir (s'il s'agit
d'une irritation plutôt que d'une infection) afin de respecter les
engagements contractés pourraient avoir de fâcheuses conséquences. Et
contraindre à une opération d'urgence et un très long repos forcé,
comme jadis le chanteur de Noir Désir Bertrand Cantat.
En concert, 12 juillet, Stade de Genève. Loc.: Fnac, Ticketcorner.
Sourcehttp://www.letemps.ch/template/culture.asp?page=10&article=228123