Une journée avec Tokio Hotel
Le groupe allemand qui hystérise les foules jouait hier au Dôme. Récit des heures qui ont précédé le concert
"D’habitude on reçoit des fleurs. Là c’est des bonbons." Hier,
le Dôme accueillait Tokio Hotel. Et c’est peu dire que la salle de
concert et le quartier qui l’entoure ont vécu au rythme de cette visite
-attendue en novembre dernier puis repoussée.
Dès 7h, les
groupies qui n’avaient pas passé la nuit (ou plusieurs) sur place, se
frayent un chemin à travers un labyrinthe de grilles. Un long serpent
visant à canaliser une foule déjà compacte à 9h. Le concert est dans
10h.
Au petit matin, de l’autre côté de l’arrondi du Dôme, les
techniciens allemands (en sandales, promis on ne ment pas !) et
français s’attellent à monter un dispositif scénique impressionnant.
Entouré, comme il se doit, de lourdes barrières.
"On est responsables de ces gamines" , note Pascal Larre, le régisseur général de la tournée française de Tokio Hotel. "
Pour
la plupart, c’est le premier concert de leur vie, elles ne savent pas
comment ça marche. À nous de tout anticiper. Il faut autant être
technicien que titulaire d’un Bafa !" 11h. La chaleur monte dans la file d’attente. Dans le Dôme on s’interpelle en se donnant du "
morgen !"
Sur une table du petit-déjeuner, du côté des techniciens, traîne un
exemplaire du Neue Zürcher Zeitung . Tokio Hotel se déplace avec son
catering (ses cuisiniers et leurs ustensiles). Hier, après une virée à
Métro, ils ont concocté pâtes persillées, saumon poêlé et petits
gâteaux au chocolat.
À midi et quelques, des policiers
déboulent au Dôme : des contrefaçons d’objets siglés TH ont été saisis
à l’extérieur. Vite fait, bien fait, le staff allemand va déposer
plainte au commissariat.
La foule n’en finit pas de grossir à
l’extérieur de la salle de concert. Des parents laissent leurs enfants;
d’autres patienteront toute la journée là.
À 13h30, un bus
gris à deux étages, immatriculé en Allemagne s’enfourne dans le parking
à l’arrière du Dôme. Au dessus, sur la passerelle qui longe le Conseil
général, l’on s’époumone à qui mieux mieux. Hélas les fans
n’apercevront pas grand-chose. Une capuche, tout au plus.
À
15h30, Bill peaufine son maquillage avant d’accorder une interview à La
Provence. Les tokiophiles sont sommées de s’abreuver dans la file
d’attente. "E
lles ne mangent pas, ne boivent pas, se collent au premier rang, sont comprimées… " Et s’évanouissent à tour de bras.
"Pour un concert normal, il y a entre 20 et 30 évanouissements. Là on en compte entre 200 et 300."
À 17h, une heure après les derniers réglages son, les premières élues
entrent - 40 par 40 - et se ruent contre les barrières. À 18h30, entre
la chaleur et l’adrénaline, une soixantaine de gamines sont déjà
locataires des infirmeries. Elles ne verront pas toutes l’entrée en
scène de Bill, Tom, Gustav et Georg…
19h. Le Dôme n’est plus
qu’un cri. Un long hiiii strident qui fait mal aux oreilles. 19h25,
noir dans la salle (hiiii). Tokio Hotel sait y faire pour que grimpe la
température. 19h30, Bill apparaît enfin (hiiii), surplombant ses
collègues, sur un promontoire. Suit un show tout à la démesure de ce
groupe.
Sans complexe aucun, ces gamins osent tout: un clip
retraçant leur carrière (hiiii); une basse bleue phosphorescente. Et
distillent leur rock FM, gothico-romantique chanté dans la langue de
Goethe, avec une précision métronomique. Jusqu’à 21h. Une jeune femme
s’invite alors sur la scèneet explique, penaude : "
Bill, elle (sic) a une extinction de voix, elle ne peut plus chanter." Solo de batterie pour meubler. Rideau?
Coralie Bonnefoy
Source http://www.laprovence.com/articles/2008/03/15/338948-Region-Une-journee-avec-Tokio-Hotel.php